30 sept. 2009

D'Outreau à Polanski, une même logique?

On se souvient encore de l'affaire d'Outreau, qui, au-delà de l'incompétence manifeste des magistrats, a révélé l'incapacité de la presse à faire convenablement son travail: manque de professionnalisme, absence de vérification, accusations nominatives bafouant la plus élémentaire présomption d'innocence. Mais il est vrai que les accusés d'alors présentaient le "profil idéal": des obscurs, des sans grades, des humbles, des gens du peuple, en un mot la France d'en bas.
Et il était effectivement plus aisé de croire et d'accepter leur culpabilité, telle qu'elle nous était livrée, sans plus de vérifications, puisque contrairement à Polanski, ils n'ont pas de talent, ne sont ni des créatifs, ni des esthètes.
Aujourd'hui, on entend Kouchner défendre Polanski au nom du talent.
La belle affaire, le talent, notion ô combien subjective, suffit-il à s'extraire de la contrainte de la loi?
A moins que ce ne soit des motivations moins avouables, telles celles que l'on devine sous la plume de notre ministre de la culture:

« J’ai pris le pli de payer pour des garçons [...] Évidemment, j’ai lu ce qu’on a pu écrire sur le commerce des garçons d’ici .[...] Je sais ce qu’il y a de vrai. La misère ambiante, le maquereautage généralisé, les montagnes de dollars que ça rapporte quand les gosses n’en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Mais cela ne m’empêche pas d’y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m’excitent énormément […]

On ne pourrait juger qu’un tel spectacle abominable d’un point de vue moral, mais il me plaît au-delà du raisonnable […] La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter. L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système, celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas. »

Extrait de "La mauvaise vie" de Frédéric Mitterrand


3 sept. 2009

Moment de vérité: Zemmour sur la HALDE

2 sept. 2009

Interlude musical: Les Lansquenets

Politiquement incorrect?

La semaine dernière, un homme de 28 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour trafic de Subutex. D’origine algérienne, l’homme bénéficie d’un traitement psychiatrique et d’un placement sous tutelle.

Lorsque le président l’interroge, le jeune prévenu, peu bavard, est incapable de nommer la maladie dont il souffre, et d’expliquer pourquoi il a été placé sous tutelle.

Lorsqu’il se lève pour prononcer ses réquisitions, le Vice-procureur Thierry Massa se tourne vers la presse : « je préfère être franc, voire politiquement incorrect ». Et de se lancer dans une analyse : « je trouve ça incroyable qu’à l’heure où l’Etat n’a plus d’argent à investir dans l’éducation, plus d’argent pour embaucher des cadets de la République, on soit obligé de payer un traitement, une tutelle et un avocat à cet homme entré illégalement en France, qui cumule plus de condamnations à son casier judiciaire que d’années passées sur notre territoire ! ».

Effectivement politiquement incorrect.
Et si en plus le Subutex est financé par la CMU...

1 sept. 2009

Tintin dans le colimateur de la censure...

Nous vivons une drôle d'époque, où l'hygiènisme ambiant ne se contente plus de réguler l'usage du tabac et de l'alcool, tout en restant, par ailleurs, particulièrement tolérant avec l'usage du cannabis, mais que voulez-vous c'est tellement exotique...
Voilà qu'après la tentative de la HALDE (le Ministère de l'Amour pour ceux qui ont lu Orwell) d'interdire "Mignonne allons voir si la rose... " de Ronsard, au motif que "ce texte véhicule une image somme toute très négative des seniors", certains se sont fixés pour objectif de censurer "Tintin au Congo"!
Un certain Mbutu Mondondo a déposé une plainte, en Belgique, contre l'oeuvre d'Hergé pour "racisme et xénophobie". Mais il est vrai que "Tintin au Congo" avait déjà été interdit d'une bibliothèque municipale de Brooklyn (USA), au motif que cette oeuvre était "offensante, au même titre que Mein Kampf d'Adolphe Hitler" (sic!).

Il semblerait que cette initiative ne se limite pas à la Belgique, puisque le très médiatique Gilbert Collard devrait, dans les prochains jours, conduire une action similaire en France.
Après s'être attaqué, non sans un certain succès, à l'Histoire, voilà que le politiquement correct s'en prend au monde de l'enfance. Pour ceux d'entre-nous qui détiennent, dans leur bibliothèque, l'intégrale d'Hergé, que devrons-nous faire si le droit leur donne raison? Devrons-nous attendre le couvre-feu pour lire des histoires à nos enfants ou jeter ces ouvrages qui ont bercé notre jeunesse dans les bûchers du politiquement correct?

En dépit de cette tendance au lessivage des esprits, je ne suis pas certain que nous puissions voir un jour une action en justice pour faire interdire les "contes des 1001 nuits" pour incitation à la débauche et le Coran pour incitation à la violence, dommage...

Interlude musical: Jean-Pax MEFRET


30 août 2009

Commerce equitable? Je me marre....

Oyez oyez consommateurs! La tendance est à l'équitable, la consommation est un acte politique (ça on ne le répète jamais assez).
Fini l'achat compulsif! Le bobo-nouveau a une conscience, une éthique et ne perd jamais l'occasion de faire une bonne action et si en plus ça lui permet de garder la ligne et d'être en bonne santé, c'est mieux.
Ainsi depuis quelques années on voit apparaitre dans les rayons de nos grandes surfaces des produits dont on ne connaissait même pas l'existence il y a dix ans (ignorants que nous sommes nous autres occidentaux!).
Prenez le quinoa par exemple, cette petite graine qui pousse sur les hauts plateaux d'Amérique du Sud et dont on ne cesse de nous vanter les qualités nutritives. C'est un des produits phares du commerce équitable: il suffit, pour s'en convaincre de voir la mine réjouie des paysans péruviens sur les emballages.
Mais ce que le bobo-nouveau-consommateur-responsable ne sait pas, à moins qu'il préfère l'ignorer, c'est que la forte hausse de la demande de quinoa est à l'origine d'une véritable crise du monde paysan au Pérou: hausse des prix, passage de la polyculture, qui garantissait autonomie et sécurité aux paysans, à la monoculture, exode rural et au final, l'obligation d'importer des Etats-Unis des pâtes pour nourrir les plus pauvres, paradoxe pour une économie qui jusqu'alors était entièrement auto-suffisante.
Dans le même temps, à l'autre bout du monde (en France), on apprend que nos paysans viennent de perdre 12 à 15% de pouvoir d'achat. Le prix du lait et des céréales augmentent mais pas pour eux, les principaux bénéficiaires: les firmes d'agro-alimentaire et la grande distribution.
Nul commerce équitable pour nos paysans du Berry et d'ailleurs, ils méritent pourtant mieux que le mépris des technocrates européens et la condescendance des bobos parisiens!